Nous sommes partis de mardi à jeudi sur Fraser Island, la plus grande île de sable au monde dit-on. 120 km de long sur 15 km de large recouvert entièrement de sable! La végétation est très dense sur l’île, beaucoup de forêt tropicale, et plus de 200 lacs d’eau douce. Oui il faut bien des endroits pour se baigner, car il est fortement déconseillé d’aller dans l’océan, celui-ci étant un repère à requins et à méduses tueuses.
Conduire dans la sable nécessite un 4x4, il existe donc plusieurs solutions : louer un véhicule, partir en voyage organisé, ou partir en voyage un peu moins organisé. Les deux premières solutions coûtant très très cher, nous avons choisi la dernière. Le topo : partir à 11 personnes dans une voiture 4x4, avec un itinéraire et des affaires de campings prêtés par les organisateurs.
Nous avons participé à une réunion de préparation le lundi et, comme lors de la réservation, l’organisateur nous a fait un topo idyllique : du sable, du soleil et du fun. Le mardi matin juste avant de partir, nous avons participé à une seconde réunion destinée à nous conseiller sur la conduite dans le sable, le discours avait changé : « si vous conduisez ici, vous allez mourir. Si vous allez là, vous allez mourir. etc. » Avec films et histoires des plus horribles à l’appui, tout cela pendant plus d’une heure.
Et nous sommes partis quelques minutes plus tard, 3 personnes à l’avant, 8 à l’arrière, aucune expérience de la conduite dans la sable. Vous pouvez imaginer que l’on entendait les mouches voler tellement tout le monde était refroidi.
Heureusement, nos deux chauffeurs parmi les 11 personnes étaient très prudents, et la confiance est revenue peu à peu. Notre équipe était très internationale : deux canadiens, deux anglais, deux irlandais, deux allemandes, une japonaise et nous deux. Nous nous sommes vite rendus compte qu’il n’est pas si facile de s’intégrer dans des conversations entre anglophones, et cela nous a fortement rapproché des allemandes et de la japonaise. Toutefois, lors d’une conversation en face à face les gens font des efforts et nous comprenons tout de suite mieux.
Pour expliquer ce que nos yeux ont découvert, je pense que ni les mots ni les photos ne peuvent traduire nos sentiments. Cependant je vais essayer en quelques lignes. Nous avons vu des sables de toutes les couleurs, blanc, jaune, brun, gris, noir. Certains lacs et certaines sources ont une eau si claire qu’il est possible de la boire (cependant vu le nombre de touristes qui passent par jour, on ne s’y est pas risqué). Nous avons découvert un océan aux reflets verts émeraude, des dunes de sable immenses, des rochers contenant au moins 5 teintes orange différentes.
On se rend compte que les endroits les plus paradisiaques sont souvent aussi les plus dangereux. Sur Fraser Island courent des dizaines de dingos, qui sont des sortes de chiens sauvages, des serpents extrêmement dangereux, des insectes qui font 5 fois la taille de ce que l’on connaît et qui piquent.
Les dingos ont déjà tué des enfants, et la prévention est très forte là-bas. Malgré toutes les infos, la poubelle de notre campement est restée dehors ainsi que plusieurs serviettes de bains et maillots de bain. Durant la nuit, les dingos ont mis la poubelle en miette, et s’en sont pris à mes affaires (et seulement aux miennes !). Résultat : mon bas de maillot de bain orange et ma serviette de bain déchiquetés. J’étais vraiment énervée contre moi-même d’avoir laissé mes affaires dehors…
Les campements étaient toujours très animés, avec deux équipes de 11 personnes tous autour du feu, quelques bières et à manger… avec du sable ! Evidemment, sur une île de sable, le sable s’introduit partout, vraiment partout ! Et avec un campement rudimentaire (une douche en trois jours), il est difficile d’éliminer le sable.
Que d’expériences, de découvertes, d’échanges culturels, de peurs et d’émerveillement en seulement trois jours ! Avec le recul, nous ne savons pas si nous y retournerions dans ce cadre-là, mais l’expérience vaut vraiment le détour.